À la Salle Denise-Pelletier
La créatrice Marie-Ève Milot ouvre la saison en apprivoisant le RHINOCÉROS d’Eugène Ionesco, le logicien de l’absurde, et vérifie où en est notre résistance à ne pas succomber à l’individualisme et à ne pas indolemment confondre collectivité et troupeau. Puis au cœur de l’automne, le CANDIDE de Voltaire, tels nous-mêmes, traverse les intempéries, trouvant dans l’aventure autant d’espoir que de philosophie, et ce, sous l’œil hardi d’Hugo Bélanger et de ses fidèles complices du Théâtre Tout à Trac. Début 2026, Les Créations Unuknu revisite le théâtre grec dans une forme participative, en poursuivant la vie de son déluré AGAMEMNON IN THE RING — UNE GUERRE DE TROIE CONTRE TROIS, écrit en alexandrins par Hilaire St-Laurent. La compagnie qui nous a récemment offert Monstres reprend les codes de la lutte pour étonnamment alléger ce qui n’est pas si drôle. Quant à moi, je retrouve Marie-Claude Verdier (Châteaux du ciel) à l’écriture pour traquer Dracula et retrouver ses empreintes au temps présent. Dès le printemps, DRACULA — UN NOUVEAU RÈGNE DU MAL s’installe avec éloquence, physique quantique et perfidie dans la Silicon Valley.
À la Salle Fred-Barry
À la Salle Fred-Barry, notre compagnie en résidence Surreal SoReal vise le cœur et la couronne avec LE ROI LEAR de Shakespeare. La jeune compagnie La pièce du fond transforme l’opéra de Bizet en cérémonial intime en offrant CARMEN, REQUIEM. Écritures et relectures de figures fragiles se relaient donc. Julie Vincent et Ximena Ferrer mettent le conte à l’épreuve en donnant une chance à l’impossible à travers LES VULNÉRABLES. Les 2 Mondes et son directeur artistique Eric Jean, après Ma vie rouge Kubrick, invitent l’autrice Marie-Christine Lê-Huu à créer FAON, où le hasard des choses et des chocs lie l’existence de quatre âmes. Le Clou, pour LE SCRIPTARIUM 2026, accueille l’entrepreneur social et chroniqueur Fabrice Vil, qui propose aux jeunes plumes de réagir à des messages venus de loin. L’auteur et comédien Gabriel Morin s’installe pour trois semaines dans le quartier après avoir ému la province avec son solo MERCI D’ÊTRE VENUS, ode bienveillante à la mort de son frère. Et après son succès à Avignon, l’inénarrable et joyeusement inconfortable MALAISE DANS LA CIVILISATION, né de l’explosif duo d’artistes Alix Dufresne et Étienne Lepage, nous prend en otages.
Tous ces spectacles, scènes de toutes époques, formes diverses autour d’histoires au-delà du réel, créent ensemble cette rencontre que nous souhaitons toujours plus émouvante, libre, porteuse d’espoir. Alors, pour l’art vivant et pour l’éducation, prenons le pouls du temps qui fuit et imaginons que nous le bravons, le rêvons, que nous le rattrapons en riant et que même… nous le dépassons.
Bonne saison.
Claude Poissant, directeur artistique